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Savoir pour Pouvoir Agir.
31 mai 2019

La seule Union Européenne viable, c’est l’Europe des Nations, par Jean-Jacques Netter - Institut des Libertés, 15 mai, 2019

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Contrairement à l’esprit du Traité de Romeune oligarchie d’experts, de juges, de fonctionnaires, de gouvernants, prend des décisions au nom des peuples, sans en avoir reçu mandat.

L’Europe conçue par ces technocrates et consacrée à Maastricht n’est ni libre ni juste. Philippe Séguin dans «Discours pour la France» expliquait à l’Assemblée Nationale dans la nuit du 5 au 6 mai 1992, dans le cadre du débat consacré au projet de loi de révision constitutionnelle préalable à la ratification des accords de Maastricht que l’Europe enterrait la conception de la souveraineté nationale et les grands principes issus de la Révolution. Selon lui, la citoyenneté ne se décrétait pas et ne relevait ni de la loi, ni du traité. Pour qu’il y ait une citoyenneté européenne, il faudrait qu’il y ait une Nation européenne. Mais on ne peut pas décréter une nation, fût-elle européenne, par traité.

Le modèle multiculturel a été imposé en Europe par des gens plus ou moins hostiles à l’identité traditionnelle de leurs pays respectifs. Ce qu’ils présentent comme un accueil généreux aux nouveaux arrivés est devenu le plus souvent, un rejet de leur propre héritage. C’est pour cette raison que tous ceux qui résistent sont dénoncés comme racistes et xénophobes une excellente façon de les exclure du débat. Il a fallu attendre aujourd’hui pour que certains hommes politiques soient prêts à dire que la tolérance que nous avons voulu étendre aux musulmans n’a pas de contrepartie et que ceux qui en profitent, les prêcheurs dans les mosquées, ne sont tolérants en rien. Pourtant, selon le philosophe anglais Roger Scruton, dans «La seule Union Européenne, c’est l’Europe des Nations»,on ne peut toujours pas parler ouvertement de l’islam et de ses effets sans risquer d’être accusé immédiatement d’islamophobie, maladie étrange qui s’est diffusée inexplicablement dans tous les pays de l’Europe de l’Ouest. 

Il faut absolument prendre en compte l’identité nationale dans les sociétés en crise.

Le nationalisme n’est pas l’ennemi de la démocratie. Il y a au contraire un besoin naturel d’identité dans les sociétés minées par les communautarismes et menacées par la globalisation. Selon Pierre André Taguieff  dans «La revanche du nationalisme», la haine du blanc, du Français, de l’Européen, de l’Occidental, du juif ou du chrétien constitue maintenant un amalgame indifférencié que les communautaristes souhaitent combattre. 

La fragmentation sociale  actuelle de la France, montre combien s’est affaibli le socle commun des références et des valeurs dans notre pays. Entre sécession des élites, autonomisation des catégories populaires, instauration d’une société multiculturelle, un bouleversement anthropologique est à l’oeuvre. C’est ce que décrit très bien Jérôme Fourquet analyste politique, expert en géographie électorale dans «L’archipel français : naissance d’une nation multiple et divisée». 

La nation française doit être revalorisée et réappropriée par tous les français.

Accusée de nombreux maux, haïe par les djihadistes, abandonnée par la gauche, Après le séisme des régionales et en pleine vague de terreur islamiste, Frédéric Encel dans «Géopolitique de la nation France» offrait en  2016 des repères aux citoyens, de droite comme de gauche, qui s’interrogeaient sur le sens et l’avenir d’une nation sévèrement ébranlée. 

La nouveauté est que le mouvement nationaliste ne touche plus seulement des minorités opprimées mais des régions riches comme la Catalogne, la Padanie, la Flandre, la Bavière.

Elles refusent de payer pour des autres régions plus pauvres. Pour Laurent Davezies dans «Le nouvel égoïsme territorial. Le grand malaise des nations», le détricotage des solidarités est une des plus graves menaces qui pèsent aujourd’hui sur la démocratie. Le danger est d’autant plus grand que l’on compte aujourd’hui plus de 300 mouvements nationalistes dans le monde dont 40% en Europe. 

L’État-nation apparaît pourtant mal adapté à l’intégration économique mondiale.

Les eurosceptiques, qui revendiquent l’héritage de l’Etat-Nation et affirment sa pérennité, redoutent en même temps l’ouverture des frontières et appellent au refus de la mondialisation des échanges, produit de la centralisation monarchique et des révolutions modernes.

Les eurolibéraux, se satisfont d’une Europe du Grand marché, n’ont que faire des structures politiques et se moquent des malheurs de nos Etats nationaux.

Les fédéralistes, qui revendiquent à la fois l’ouverture des frontières et la formation d’un espace politique intégré à l’échelle européenne, fondent leur position sur la nécessité d’élever le pouvoir politique à la hauteur de la puissance nouvelle de l’économie afin de lui faire contrepoids.

Jürgen Habermas est de ceux-là, refusant tout à la fois le passéisme des premiers et l’aveuglement des seconds. Dans son livre «Après l’Etat-Nation. Une nouvelle constellation politique» il va plus loin. Proche de ceux qui militent en faveur d’une démocratie cosmopolitique, il réfléchit aux conditions pour mettre en oeuvre une régulation mondiale.

Est-ce que l’Union Européenne constitue un retour au Saint-Empire Romain Germanique, vaste ensemble qui au Moyen Age avait pour centre l’Allemagne autour de laquelle étaient groupés des territoires italiens, francophones, flamands et slaves?

Le roi d’Allemagne se prétendait le chef séculier de l’Europe Occidentale. Pour Jean Louis Harouel auteur de «Revenir à la nation»,  il est injuste d’accuser les allemands. Ils ne voulaient pas d’intégration monétaire avant d’avoir réalisé l’harmonisation économique et budgétaire. Ce sont les dirigeants français de l’époque qui ont insisté…

Il faut adapter l’Etat-Nation à la nouvelle souveraineté numérique

La pensée unique a pris les apparences d’une société libre et démocratique mais en fait elle exerce une véritable tyrannie. Pour Laurent Obertone dans «La France Big Brother. Enquête sur le conditionnement d’une nation» elle s’organise à partir d’une pyramide dont les divers degrés sont le gouvernement, l’administration, les médias, les multimédias, les experts de toutes les chapelles, et les idéologues.

Jusqu’où ira la toute puissance des GAFA dans l’accès et l’exploitation de nos données personnelles? Le confort de la servitude volontaire a un prix. Un nouvel ecosystème se met en place où s’affrontent les “cercles” de la souveraineté des citoyens, des états et des entreprises. Pour Farid Gueham, dans «La souveraineté numérique» un nouveau système est en train d’émerger. 

Les GAFA veulent dépouiller les états de leurs prérogatives en privatisant leurs moyens d’intervention. Elles profitent des chocs provoqués par les crises dont elles sont responsables. Les usurpateurs sont camouflés en représentants de la société civile. Lobbyistes au service d’une entreprise ou d’un secteur industriel, PDG de transnationales dont le chiffre d’affaires est supérieur au PIB de plusieurs des pays dans lesquels elles sont implantées, instances quasi-étatiques dont les réseaux tentaculaires se déploient bien au-delà des frontières nationales : toute une cohorte d’individus —qui n’ont pas été élus, ne rendent de comptes à personne et ont pour seul objectif d’amasser des bénéfices– est en train de prendre le pouvoir et d’orienter en leur faveur des décisions politiques majeures, qu’il s’agisse de santé publique, d’agroalimentaire, d’impôts, de finance ou de commerce. Pour Susan George, franco-américaine, présidente d’honneur d’Attac-France, dans «Les ursupateurs. Comment les entreprises transnationales prennent le pouvoir», ces entreprises ne s’embarrassent guère de l’intérêt public et du bien commun. Il est grand temps de les arrêter… 

L’économie numérique va remodeler le capitalisme. L’accès aux choses va devenir plus important que leur possession. Les logiciels open source, le partage, les réseaux sociaux sont une forme de socialisme. Selon Kevin Kelly dans «Acheter de l’intelligence artificielle comme de l’électricité» nous sommes surveillés de façon asymétrique. Il faut aller vers la “coveillance”, surveiller ceux qui nous surveillent et surtout cesser de voir systématiquement l’avenir comme une dystopie, car il est plus facile d’imaginer un futur catastrophique…

Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) sont les acteurs du monde de demain dans les robots, le big data, les MOOC, l’homme bionique. Ces sociétés et leurs satellites ont tendance à penser qu’elles sont mieux placées que les Etats désargentés pour faire le bien de l’humanité. Dominique Nora dans «Lettres à mes parents sur le monde de demain» décrit très bien les paradis techno offshore, les steaks de synthèse, les robots, les thérapies géniques et les laboratoires californiens où s’invente l’avenir de l’humanité… 

L’industrie numérique prospère grâce à un principe presque enfantin: extraire les données personnelles et vendre aux annonceurs des prédictions sur le comportement des utilisateurs. Mais, pour que les profits croissent, le pronostic doit se changer en certitude. Pour cela, il ne suffit plus de prévoir: il s’agit désormais de modifier à grande échelle les conduites humaines. L’économie numérique profite d’un vide juridique pour utiliser nos biais cognitifs à des fins commerciales. Soshana Zubboff dans «The age of surveillance capitalism. The Fight for a Human Future at the New Frontier of Power» pense que face à cette nouvelle logique économique le vieux réflexe de la taxe est dépassé.

La société hyper-industrielle est l’interpénétration de trois univers que sont l’industrie, les services et le numérique. Pierre Veltz qui a dirigé l’établissement Paris Saclay, où se trouve l’Ecole Polytechnique, pense que l’objectif des plateformes comme Uber n’est pas de remplacer les taxis traditionnels mais d’offrir une alternative à la possession d’une voiture. Dans son livre «La société hyper-industrielle, le nouveau capitalisme productif» il faut refuser la segmentation si l’on veut comprendre le nouveau capitalisme productif. Dans ce nouveau monde la France et l’Europe ont selon lui des atouts exceptionnels. Espérons…

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Jean Jacques Netter est diplômé de l’École Supérieure de Commerce de Bordeaux, titulaire d’une licence en droit de l’Université de Paris X.

Il a été successivement fondé de pouvoir à la charge Sellier, puis associé chez Nivard Flornoy, Agent de Change. En 1987, il est nommé Executive Director chez Shearson Lehman Brothers à Londres en charge des marchés européens et membre du directoire de Banque Shearson Lehman Brothers à Paris. Après avoir été directeur général associé du Groupe Revenu Français, et membre du directoire de Aerospace Media Publishing à Genève, il a créé en 1996 Concerto et Associés, société de conseil dans les domaines de le bourse et d’internet, puis SelectBourse, broker en ligne, dont il a assuré la présidence jusqu’à l’ absorption du CCF par le Groupe HSBC.Il a été ensuite Head of Strategy de la société de gestion Montpensier Finance.

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